La frontière simplement, une frontière à une relation.

"ft. Nuity"

La Lune était encore au rendez-vous, haute dans le ciel. Et le vent, lui, était glacial. Si froid. Il rentrait dans la tanière de la meneuse en la faisant se replier d’avantage sur elle-même. Elle avait si froid, si mal. Son regard était planté dans le vide, elle ne fixait rien et tout, mais ce qui est sûr, c’est que ce n’était rien qui existait. Inspirant, expirant. Elle avait une respiration régulière, mais son regard indiquait qu’elle n’était pas présente dans le monde actuel. Elle souffrait. La douleur l’envahissait, la tristesse également. Une tristesse sans fin qui s’amusait à la torturer encore et encore sans jamais lui demander son avis. Et elle, Étoile Mélancolique, restait terrée dans son antre, sans jamais en sortir. Le baptême de deux apprentis traînait depuis deux jours, voire trois. Elle ferma les yeux. Elle n’y croyait même pas à ce Clan des Étoiles, pourquoi devrait-elle faire un baptême en faveur des défunts?

La chatte se leva, les pattes tremblantes, elle regarda autour d’elle. Son souffle était court, ses yeux regardaient sans cesse autour d’elle. Comme si elle n’avait pas la force de perdurer dans ce monde si cruel. Elle qui était étrangement à la tête d’un Clan dont elle n’avait même pas une once de sang. Et les Assemblés, diable qu’est-ce que c’était compliqué de voir des chats d’un autre Clan, d’un Clan où elle avait sans aucun doute de la famille qu’elle ne connaissait même pas. Une famille qui ne la connaissait pas également. Et sa mère, elle ne la voyait même pas, ne la connaissait même pas. Pourtant, peut-être aurait-elle aimé ça savoir qui était sa réelle mère et pas celle qui avait prétendue l’être toute sa vie. Elle gémit et se laissa tomber en boule. Comment sortir de cet antre? Comment affronter le monde qui s’offrait à elle? Elle finit néanmoins par sortir de l’antre, mais recula à l’entrer, comme frapper par une quelconque flèche sortie de nulle part. Elle tituba, manqua de tomber, mais reprit son équilibre. Une inspiration et puis deux. Elle s’avança. La meneuse regarda le promontoire avec une haine incroyable, comme si c’était un ennemi à abattre, mais monta dessus malgré tout. L’appel général se fit.

«J’aimerais que le Clan des Étoiles se penchent sur ces apprentis. Ils ont travaillés fort pour comprendre le Code du Guerrier et le suivre à la lettre. Nuage de Fraise, Nuage Lumineux, promettez-vous de toujours servir votre Clan au péril de votre vie?, clama-t-elle haut et fort avant de continuer en ayant la réponse positive des apprentis, alors dès aujourd’hui, vous serez Fraise des Bois et Lumière de Sang. Maintenant, vous devez rester en silence et veillez sur le Clan. »

Elle sauta du promontoire et fila ailleurs. Pas dans son antre non, mais sur les terres de son Clan, en allant ici et là. Sans trop de but. Elle ne chassait même pas, mais la chatte ne souhaitait pas demeurer dans son camp. Elle voulait de l’air. De l’air frais sans l’odeur des chats du Clan de l’Abîme. Le froid était toujours aussi intense, la nuit commençait à céder place au jour. Elle avait choisi un étrange moment pour faire un baptême, mais cela ne l’importait que très peu. Étoile Mélancolique s’installa à la frontière de son Clan et d’un autre. Et ne prêta pas attention au chat qu’elle sentait.

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Crée par Lumi

Membre Messages : 8 Date d'inscription : 17/01/2015 Age : 24

La frontière simplement, une frontière à une relation

Feat : ✘ Luny ✘

La lune était haute dans le ciel. Elle brillait, d'une nuit sans nuage, où on ne voyait pas les étoiles autour de l'astre tant il répandait sa lumière. Le vent chassait les nuages, glacial. De toute façon, le vent était toujours glacial quand il se levait. Un camp. Des tanières chaudes, bien isolées du vent. Celles du Clan de la Banquise. Plusieurs respirations calmes et régulières. Des souffles chauds qui rivalisaient avec le vent, mais qui ne faisaient certainement pas le poids. Mais, dans une tanière, une respiration, seule dans son antre, se faisait un peu plus agitée.

Aile de Nuit se réveilla brusquement. Son souffle était saccadé. Encore ce maudit cauchemar. La jeune chatte s'assit sur son nid chaud et enroula la queue autour des pattes. Ne plus être enfoui dans ce doux oreiller lui fit froid. Car sa tanière, vide en dehors d'elle et des plantes de la réserve n'était pas réchauffée comme celle d'à côté, où dormaient tous les guerriers blottis les uns contre les autres. Mais, elle n'aurait certainement pas voulu être guerrière, surtout juste pour ça. Elle gonfla le poil et attendit de s'habituer à la différence de température. Elle voulait sortir, mais pour ça, il fallait y aller par étapes.

Une patte après l'autre, lentement, elle réussit à sortir de son antre. Une inspiration, lui glaçant les poumons, un frisson. Elle se secoua et sortit du camp. Pour le silence. Ou presque. Le vent lui sifflant aux oreilles et le bruit léger de son haleine perturbaient seuls le silence. Mais cela lui convenait. Fermer les yeux. Laisser son instinct prendre le dessus. La guider. L'emmener on ne sait où jusqu'à l'arrêt puis regarder autour de soi et comprendre. Attendre que ses pattes s'arrêtent pour pouvoir ouvrir les yeux. Pour vider son esprit. Elle ne demandait que ça. C'est ce qu'elle fit. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, avant de comprendre où elle était, elle observa la neige immaculée, le blanc qui régnait autour d'elle, maître de tout, imperturbable. Tout, mais pas ce cauchemar. Pas ce doute. Pas cette peur qui la rongeait et lui tordait l'estomac toutes les nuits. Etre à la hauteur. Un seul fait, des dizaines de questions qui faisaient partie de ce doute. Elle comprenait les chefs de clan mieux que quiconque. Car elle avait la même obligation qu'eux: protéger le clan. Eviter la mort. Prendre la bonne décision pour cela.

Une tâche se fit sur le blanc de la neige. Un chat. Le vent l'aidait. Du Clan des Abîmes. Cette odeur... elle ne connaissait pas tous les membres de ce clan mais ce chat-là, elle le connaissait, son odeur lui était familière. C'est gentil, grande mémoire, mais si tu pouvais aussi me donner son identité... Ce n'était pas le guérisseur du clan, c'était sûr, mais quelqu'un d'important. Le chef. La femelle s'arrêta près d'elle à la limite de la frontière entre leurs deux clans, Aile de Nuit s'en rendait compte maintenant. Elle hésita; devait-elle engager la conversation? Non, la chatte en face d'elle avait l'air préoccupé et complètement perdue dans ses pensées et elle savait très bien comme il était désagréable de se faire interrompre dans ces moments. Surtout qu'elle devait vouloir être seule, sinon pourquoi serait-elle ici? Elle le comprenait, elle avait déjà vécu ça, son chef avait vécu ça et elle savait comment faire dans ces moments-là. Elle s'assit sans bruit, la queue enroulée autour des pattes à son habitude, les oreilles dressées, à l'écoute, prêtes à remuer si son interlocutrice parlait, un vieux tic à elle. Et elle attendit, en silence, qu'elle se fasse remarquer, qu'on lui parle, pour ne pas déranger. Tout viendra le moment venu, il suffisait d'être patient.

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